Episode 3 : Du poker pour le plaisir… Et pour l’argent !!!
Vous avez déjà ressenti cette impression, celle où à la fin d’une partie de poker, vous vous dites que vous avez bien joué mais que le Dieu des cartes n’était pas avec vous…
A l’inverse, je suis sûr aussi que vous vous souvenez de certains coups qui sont passés, en vous disant que là vous aviez eu beaucoup de chance, et finalement vous êtes allés au bout du tournoi.
Dans ces moments-là, je me répète à l’envi toujours la même phrase :
« Le poker n’est qu’un jeu et au jeu, il faut prendre du plaisir ».
Quand je suis sorti du Main Event et qu’on m’a proposé d’aller jouer un Sit and Go, je me suis à nouveau remémoré cet adage.
D’abord, parce que personnellement, les seuls tournois live que j’ai pu disputer sont ceux de Winamax et que, mince, ce serait dommage de ne pas en profiter jusqu’au bout !!!
Ensuite, parce que le plaisir du jeu est, pour moi, bien souvent plus fort que l’optique du résultat.
Attention, quand je m’assis à une table, ce n’est pas non plus pour faire de la figuration !!!
D’ailleurs, pour information, à chaque étape live que j’ai pu jouer par le passé, j’ai toujours réussi à glaner un petit ticket. Je ne vois pas pourquoi cela s’arrêterait à Clermont !!!
Cela fournit une source de motivation supplémentaire. Et puis, histoire d’en rajouter une, je n’ai jamais gagné un de ces SnG, finissant toujours second ou troisième.
J’arrive donc à la table et très vite, au travers des discussions, je comprends qu’il y a pas mal de joueurs du club de Clermont et également des joueurs de live en casino. Au moins, je sais que le field sera d’un bon niveau.
Avant de démarrer la table, un représentant de Winamax nous fournit quelques petites précisions : on démarre avec 3 000 chips, les niveaux durent 8 minutes et surtout augmentent très vite, le but étant qu’au bout d’une heure le SnG soit terminé.
Nous sommes 10 et le prize pool est de 10 € en ticket pour le premier, 5 € pour le second et le troisième.
Je décide de commencer à jouer tight, histoire de tâter un peu le terrain et d’avoir une idée du niveau de chacun. Après un premier niveau (25/50) où je ne joue pas, perdant juste mes blindes (mais où on perd déjà deux joueurs), vient la première main intéressante.
En milieu de parole, j’ouvre AJo. En UTG, un joueur a limpé. J’envoie alors une salve à 225. Tout le monde fold jusqu’au bouton qui suit. Les blindes se sauvent et UTG complète. Le flop : A 10 3.
UTG checke, je mise 450, Bouton fold et UTG suit (humm…). Turn : J
UTG checke à nouveau, je mets 800 au milieu et UTG fold.
Je monte alors à 3 800.
Sur les deux coups qui vont suivre, deux autres joueurs vont sauter. Le rythme des éliminations est effectivement très rapide.
On se retrouve alors à 6 avec la situation de table suivante.
Sièges 1, 2, 3 et 8 : out
Siège 4 : Short stack avec 500
Siège 5 : Environ 3 500 (le joueur qui me fait le plus peur, joueur de live d’environ 60 ans, plus que sérieux)
Siège 6 : Joueur récréatif qui a envoyé des pralines, en veux-tu, en voilà, depuis le début du SnG, a eu un stack qui a joué les montagnes russes pour se situer alors à 3750 jetons
Siège 7 : Environ 2500, joueur discret
Siège 9 : Madame la chipleader, environ 15 000 jetons, qui a touché tout ce qu’elle voulait et a éliminé 3 joueurs sur les 4.
Siège 10 : Votre serviteur avec 3 800 donc (le chipcount va être essentiel…)
Finalement, à l’entame de ce coup, je suis deuxième !!!
C’est un peu drôle sachant que je n’ai joué qu’un coup. Mais ça, je ne m’en rendrais compte qu’un peu plus tard…
Arrive alors LE COUP de ce week-end clermontois.
Les blindes sont à 100/200, je crois. Dans cette configuration, vous comprendrez pourquoi, elles n’ont que peu d’importance…
Je suis en BB.
Siège 4, qui est donc UTG, décide alors de faire tapis.
Siège 5, après réflexion, décide de l’isoler en faisant aussi tapis.
Notre joueur en siège 6, qui n’en manque pas une, s’exclame alors : « plus on est de fous, plus on rit, hein ? Allez tapis aussi !!! »
Siège 7 et 9 foldent alors gentiment.
Et là, je me dis que cela va être sans doute aussi un fold facile.
Je retourne mes cartes et là un frisson me traverse de part en part : Chers adversaires, soyez prêts à décoller avec AA !!!
Sauf que, sur ce coup, je vais hésiter : mince quoi, 3 joueurs à tapis déjà !!!
C’est dans ces moments-là où tu te dis qu’un minimum de réflexion s’impose…
Rembobinons le coup….
Bon, short stack doit avoir une range de push assez large, vu qu’il n’a plus que 2 ou 3 BB, normalement je suis devant.
Ensuite, siège 6, étant tellement récréatif, il est capable de push avec J10+, je me vois bien devant aussi.
Non, le seul qui m’inquiète, c’est le siège 5. Ce n’est pas le genre à vouloir isoler sans raison. En plus, il a autant que moi (enfin presque). Il est quand même UTG+1 sur ce coup… Tout ça ne me rassure guère. D’autre part, avec 3 joueurs déjà à tapis, s’il y en a un qui a un as, ça va être compliqué d’améliorer ma main….
Bon allez, rappelles-toi : « Pour le plaisir » !!!
All in pour moi aussi (En fait, je fais all in car je ne sais pas que je les couvre tous les trois, c’est au moment du chip count que je vais me rendre compte de la situation) !!!
Les jeux :
Siège 4 : QJs
Siège 5 : KK
Siège 6 : KQo
Là, je fais un grand ouf de soulagement : ils ne neutralisent presque les uns les autres.
Allez, le flop : 8 5 10
Turn : 2
River : 3 !!!
(Sur le coup, je ne m’étais même pas rendu compte que le short stack avait un tirage quinte ventral au flop).
La river tombée, d’un coup, tu réalises que :
1- Tu viens d’éliminer 3 joueurs d’une seule main – chose qui ne m’étais jamais arrivée, ah si peut-être une fois à l’époque des SnG freeroll, où plus des ¾ des joueurs faisaient all-in dès la première main ;
2- De 6, on passe à 3 joueurs et donc ITM !!!
Bon, c’est certain, le plaisir est important, mais maintenant que je suis monté 11 500 jetons, je n’ai plus qu’un objectif : la victoire !!!
D’ailleurs, le siège 7 va bien m’aider dans cette quête, puisque, dès la main suivante, Monsieur va pousser tout au milieu et se faire croquer par Madame (encore une fois…).
Arrive alors le HU, 11 500 pour moi contre 18 500 pour elle, mais nous ne sommes que sur des blindes 300 / 600.
Le HU va alors commencer puis durer, durer, durer…
Pendant 3 niveaux (donc 20 bonnes minutes), cela va plus ressembler à une partie de ping-pong : un coup pour toi, un coup pour moi, si bien que nos stacks ne bougent quasiment pas (j’ai peut-être grignoté 500 dans l’histoire et encore).
L’action ne va s’emballer que lorsque les blindes vont arriver à 800 / 1 600. Une première main va faire la différence.
En SB, Madame raise à 3 200. Je retourne alors A9o. Je décide de relancer à 4800. Elle suit.
Vient alors un flop très dry : 8 3 5. Madame prend l’initiative et met 1 600. Avec deux cartes au-dessus, je ne me vois pas folder. Je suis donc logiquement.
Turn : 7. Check commun.
River : 9 !!!
Elle checke et là hésitation, ai-je vraiment la meilleure main ? Dans un des coups précédents, elle n’avait pas hésité à checker tout le long une paire de 9 qui lui avait fait gagné le coup. En repensant à ses mises (raise préflop, Cbet sur le flop), j’ai vraiment peur du piège.
Du coup, je checke également et elle retourne A10 !!! Merci River Wina
Grâce à ce coup, je passe leader et me dit que je ne vais pas laisser passer l’occasion cette fois.
Sur la main suivante, j’ouvre 89s. Raise à 3200 suivi.
Arrive le flop presque magique : 3 8 9.
Comme je me sens fort, j’envoie à nouveau 3 200 pensant clairement qu’elle va fuir. Mais non !!!
Dès lors, je me dis que c’est le moment, passons en mode traquenard…
Turn : un anecdotique 2…
Je réfléchis et check.
Alors, Madame se met à réfléchir puis au bout d'une petite minute de réflexion va très sereinement annoncer : « ALL IN !!! »
Évidemment, c’est payé dans l’instant.
Mais elle retourne J10 pour un tirage quinte par les deux bouts !!!
La river tombe : un K !!!
La victoire est pour moi !!!
Je reste finalement très passible après cette victoire, la satisfaction du travail accompli mais aussi les regrets liés à la fin de parcours sur le tournoi principal sans doute.
Néanmoins, Clermont restera une étape particulière de part ces sentiments très contrastés.
Compte tenu de la loterie que représente ces tournois (127 au départ, 2 places à l’arrivée), je suis désormais convaincu qu’il faut tenter une étape à 600 joueurs ou à 2 000 pour vraiment espérer plus.
Cela ne m’empêchera pas d’aller tenter ma chance à Limoges dans 10 jours, avec une philosophie sans doute différente, mais pour cela, on verra le jour J en espérant que le Dieu des cartes soit avec moi…
A très bientôt sur d’autres étapes live !!!